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Newsletter #3 : Quand l’angoisse de la ville a le rôle principal
Chez territoire circulaire, nous éprouvons un attrait particulier pour le cinéma de genre et pour les représentations extrêmes de la ville. En conférence de rédaction, sans doute à cause de nos lunettes déformantes, nous nous sommes trouvés bien en peine de proposer des visions positives de la ville à l’écran.
Serions-nous tous des pessimistes de l’urbain en puissance ? Dans cette troisième édition de la newsletter (au passage merci pour votre soutien et bienvenue aux nouvelles et nouveaux), profitons d’Halloween pour un petit tour des représentations cinématographiques de nos villes. Et tentons de comprendre pourquoi, surtout à l’écran, l’urbain et son futur semblent toujours catastrophiques.
L’urbain du quotidien, théâtre idéal de la violence et de l’épouvante
A l’écran, la ville est souvent l’endroit où tout va mal. Rues désertes ou mal famées, gratte-ciels menaçants et autres sous-sols sombres où l’on ne s’aventure qu’à ses risques et périls … ces tropes alimentent depuis plus d’un siècle le cinéma de genre, qui s’évertue à faire de la ville une machine à cauchemars. A l’heure où nous écrivons ces lignes, 56 % de la population mondiale est urbaine, soit 4,4 milliards de citadins. Et pour 2050, on estime que cette proportion atteindra les 70 % d’urbains. De quoi projeter pendant encore quelques années des représentations terrifiantes sur nos environnements urbains.
Mais, comme le dirait Stephen King, il n’y a rien de mieux que de faire face à ses peurs pour les exorciser. Cela explique probablement pourquoi le cinéma et la littérature aiment tant plonger leurs personnages, et par extension leurs spectateurs, dans des visions souvent apocalyptiques de la ville : crime, violence, solitude, futur dystopique … Et le cinéma (a fortiori d’horreur) ne manque pas d’utiliser la ville pour attiser nos peurs les plus profondes.
Cette tendance a pris un tournant notable avec l’apparition du slasher, genre de films où un tueur mystérieux élimine ses victimes une par une – bien souvent dans les suburbs, paisibles quartiers résidentiels nord-américains. Halloween (Carpenter, 1978), souvent désigné comme le premier slasher, met en scène le tueur Michael Myers se glissant discrètement derrière les haies impeccablement taillées puis dans le magnifique jardin individuel où les draps sèchent au vent. Ici, le rêve pavillonnaire se transforme vite en cauchemar et la promesse d’une vie tranquille s’effrite devant chacune des apparitions menaçantes de Myers. La banalité du décor, avec ses ruelles calmes et ses pelouses bien entretenues, devient alors une toile parfaite pour nous faire frissonner.
Parfois, la menace vient littéralement de l’intérieur. Dans Poltergeist (Hooper, 1982), la famille Freeling découvre que leur belle maison en banlieue n’est pas seulement hantée mais qu’elle semble être leur agresseur. Le père, pourtant promoteur de ce rêve pavillonnaire, ne peut que constater les failles de son idéal, tandis que les murs qu’il vantait se referment peu à peu sur lui.
Et que penser de l’inquiétante étrangeté qui émane d’un lotissement fraichement livré dans Vivarium (Finnegan, 2019), où la familiarité des lieux laisse peu à peu place à un sentiment d’enfermement à perpétuité ? Derrière cette hantise se profile une critique de l’urbanisation à outrance des banlieues américaines de l’après-guerre, où l’on découvre que même les rêves les plus confortables peuvent virer au cauchemar.
En nous plongeant dans des environnements familiers, ces films réussissent à rendre l’horreur proche de notre quotidien, comme si le danger pouvait soudain surgir au coin de notre propre rue. Alors que 30% de la population française serait périurbaine, il est aisé de se retrouver dans ces visions cauchemardesques.
En ville, la violence n’est pas que physique
Cette violence est également sociale et symbolique. Si selon l’adage du Moyen-Age « l’air de la ville rend libre » (on en reparle dans une prochaine newsletter !), tous les individus ne sont pas logés à la même enseigne.
La ségrégation spatiale fait rage et sert souvent de décors aux films d’épouvante et d’anticipation. Les immeubles et tours des grandes villes nous promettaient un idéal de vie communautaire … du moins en théorie. C’est suffisamment rare pour être souligné mais deux productions françaises se sont aventurées sur ce terrain.
Vermines (Vanicek, 2023) propose un cauchemar pour arachnophobes ayant pour cadre les Arènes de Picasso à Noisy-le-Grand (93). Cet ensemble emblématique des villes nouvelles des 80’s, délire architectural selon Portzamparc, avec sa façade en toile d’araignée, fait parfaitement écho à l’angoisse de ce huis clos.
Dans La Tour (Nicloux, 2022), une épaisse brume noire enferme les habitants dans leur immeuble, les forçant à cohabiter tout en gérant les tensions entre les différentes communautés peuplant ces logements sociaux. La solidarité initiale s’effrite bien vite face aux conflits et à l’horreur du dehors.
Si l’on quitte quelques instants le registre horrifique pour celui de la dystopie, les représentations sont encore plus nombreuses. Parmi les productions les plus récentes, The Kitchen (Kaluuya & Tavares, 2024) donne à voir un Londres dystopique dans lequel le logement social n’existe plus. Une communauté résiste aux tentatives d’expulsion de la Mairie de Londres au sein de The Kitchen, ville informelle dans la ville dominée par les capitaux financiers, où les plus précaires tentent de subsister. [Nous préférons vous prévenir, ce film flirte avec le nanard malgré un budget très conséquent et des décors réussis. Consacrez plutôt les 110 minutes que vous vous apprêtiez à passer devant cette exclu Netflix à l’une des nombreuses autres recommandations que l’on présente]
Pavillons, tours ou supermarchés (comme dans The Mist, Darabont, 2007), ces décors familiers installent en nous une peur profonde, nourrie par une critique sous-jacente d’un vivre-ensemble qui finit toujours par se fissurer.
« Nous percevons le monde par les villes que nous habitons »
Si vous avez déjà grimpé un escalier sans fin (on ne sait jamais ?) ou observé une vue imprenable depuis le sommet d’un gratte-ciel (déjà plus probable), vous savez que la hauteur peut être angoissante.
Au cinéma, cette sensation atteint des sommets (elle est facile), surtout dans les films américains qui mettent en avant des villes incontournables comme New York, Chicago ou Los Angeles. Dans le tout premier King Kong (1933), le gorille le plus célèbre du cinéma n’a d’autre choix que de grimper jusqu’au sommet de l’Empire State Building, transformant cet édifice mythique en un cul-de-sac vertigineux. La scène, qui se termine par une chute tragique, symbolise bien les craintes de l’époque : New York est en pleine expansion, et l’inauguration de l’Empire State Building en 1931 marque le début de la course à la hauteur. Mais comme le montre l’histoire de Kong, au sommet, la seule direction possible… c’est la chute. Une sorte de référence aux rêves de grandeur des années 1930, qui se sont vite fracassés contre le mur de la Grande Dépression de 1929.
Le philosophe Paul Virilio parlerait d’une « impasse en altitude », concept qu’il explore dans Ville panique (2004). Selon lui, ces bâtiments gigantesques ne mènent qu’à des impasses psychologiques et physiques, rendant la ville aussi oppressante qu’impressionnante.
Hollywood a d’ailleurs largement repris cette vision en poussant à son extrême l’idée de hauteur : Blade Runner (Scott, 1982) etMatrix (Watchowski, 1999) dépeignent des mégastructures plongeant souvent leurs habitants dans une obscurité perpétuelle. Cet urbanisme de l’angoisse, où les immeubles deviennent des murs, prive de lumière naturelle et renforce la sensation d’étouffement. Dans le cultissime Dark City (Proyas, 1998), le jour a même laissé place à une nuit constante. Les personnages errent donc dans une obscurité permanente. Un bon moyen de faire des économies sur la facture d’éclairage – sobriété oblige – tout en mettant en lumière notre angoisse existentielle du retour aux ténèbres.
Cet attrait pour les villes sombres est l’héritage d’une tradition bien plus ancienne, teintée du romantisme noir du XIXe siècle, où des écrivains comme Edgar Allan Poe utilisaient la ville comme toile de fond pour évoquer l’angoisse et le mystère. Dans l’Homme des foules (1840), Poe déclarait d’ailleurs que « nous percevons le monde par les villes que nous habitons ». De nos jours, le jeu vidéo perpétue cette fascination pour les dark cities dans des productions comme la série des Dark Soulsou Bloodborne des studios From Software, aux architectures cauchemardesques directement inspirées du patrimoine historique urbain européen (et de H.P Lovecraft).
Cette conception de la ville n’est a priori pas spécifique aux sociétés occidentales. La culture japonaise transforme les villes du futur en terrifiantes mégapoles où la technologie et l’humain se confondent dans un décor bien souvent post-apocalyptique. Sur papier comme à l’écran, les mangas Akira (Otomo, 1982-1990), Gunnm (Kishiro, 1990-1995)ou plus récemment Blame! (Nihei, 1998-2003) donnent à voir de véritables labyrinthes verticaux, tantôt surpeuplés, tantôt vides d’hommes. Et c’est sans parler du cinéma Hongkongais, qui s’est régulièrement nourri de décors naturels à la limite de la dystopie pour repousser ce qui est montrable à l’écran. La décence nous empêche de parler de la fameuse Catégorie III dans cette newsletter. Mais pour un aperçu de ce que Hong Kong avait à offrir en guise de cadre oppressant, nous vous proposons cette excellente vidéo de Dami Lee sur l’histoire de Kowloon City.
Vous l’aurez compris, les représentations angoissantes de la ville, dense, écrasante et hostile ne manquent pas. Cependant, le tournant des années 2000 apporte son lot de nouvelles préoccupations dans le cinéma et la littérature. Place à « l’éco-pessimisme », qui pris avec la peur des conflits armés post 9/11, constituent les ingrédients d’un inquiétant cocktail à destination de la Gen Z. Vous rêvez d’en savoir plus ? Faites nous signe, car cela pourrait faire l’objet d’une future newsletter.
Pour des visions positives de notre adaptation !
La représentation de la ville au cinéma, dans la littérature et maintenant dans le jeu vidéo est comme un bon vieux thriller : elle s’alimente de nos angoisses les plus profondes sur l’avenir de l’urbain. Et au moment où l’on doit se préparer à une France à +4°C, préparez-vous à voir fleurir de nouveaux cauchemars climatiques dans nos représentations. Un tsunami en Normandie, un accident de l’EPR de Flamanville transformant Caen et Cherbourg en décors de film post-apocalyptique, films de fantômes prenant pour cadre nos millions de logements vacants … Nous serons probablement les témoins d’un nouveau genre d’angoisses, proches de nous et pourtant encore inconcevables. A moins que, collectivement, nous n’arrivions à proposer une vision enthousiasmante et positive de notre adaptation.
Cela pourrait commencer chez les urbanistes par promouvoir largement la sobriété, révéler les usages et les besoins qui émettent le moins de GES, réenchanter le logement collectif …
Nous fermons ici cette sombre parenthèse pour vous inviter à vous (re)plonger dans l’une des œuvres mentionnées ci-dessus. Vous l’aurez compris, nous avons dû prendre quelques raccourcis en ne retenant qu’une poignée de fictions emblématiques. Nous n’avons pas non plus parlé de la « ruralité », qui a pourtant ouvert tout un pan du cinéma de genre (coucou The Texas Chainsaw Massacre de Hooper, les Chiens de Paille de Peckinpah ou Deliverance de Boorman). Mais s’il y a parmi vous des adaptes du Solarpunk, ou que vous connaissez des contre-exemples à notre vision (qui peut paraitre catastrophiste ?), n’hésitez pas à nous le faire savoir !
Nos recos de la semaine
📖 A lire – Au-delà de Blade Runner, Mike Davies, 2006
📖 A lire aussi – Changement climatique : nous ne sommes pas prêt⸱es !, Oxfam France, 2024
📺 A regarder – What stops rain from flooding your city?, Andrew Lam, 2023
Newsletter #2 : Pourquoi nos villes ne peuvent plus se passer d’Action ?
Cette semaine, nous vous proposons un petit décryptage du commerce discount et de ses impacts sur nos villes. Pour illustrer tout ça, notre équipe de choc est partie en balade dans les méandres des Rives de l’Orne à Caen. Spoiler, nous n’en sommes sortis ni indemnes, ni les mains vides.
Pouvoir d’achat et discountisation de nos paysages urbains
Avez-vous déjà été hypnotisé par un haul sur Youtube (vidéos dans lesquelles des influenceurs déballent pendant une vingtaine de minutes leurs achats, face caméra) ? Ou encore un short TikTok sur des ouvertures de pochettes surprises Normal ? Rassurez-vous, tout est … normal (vous l’avez ?). Au cas où cela vous aurait échappé, les géants du hard discount ont envahi nos paysages et nos habitudes. Depuis la création du premier magasin Lidl en 1989, ces enseignes se livrent une bataille sans merci à la conquête de nos appareils commerciaux. Si bien qu’aujourd’hui, 90% des Français ont un Action (pour ne citer qu’eux) à moins de 20 minutes de chez eux.
En 2023, Action est d’ailleurs devenue l’enseigne préférée des Français (étude EY-Parthenon) détrônant ainsi nos fleurons nationaux comme Leroy Merlin, Décathlon ou Picard. La France représente environ 40% du chiffre d’affaires de l’enseigne néerlandaise, soit la coquette somme de 4,45 milliards d’euros en 2023. Normal – 173 points de vente – ou Hema – 66 magasins – suivent de près, marquant nos paysages urbains et périurbains de leurs magasins dignes de petites îles aux trésors (pour la camelote et les bibelots, moins pour le sable et les palmiers). Vous ignoriez leur existence avant de nous lire mais comment résister aux bougies senteur Chupa Chups ? Et avant de franchir les portes automatiques de votre Action le plus proche, saviez-vous que le logo de Chupa Chups avait été dessiné par Salvador Dali en 1969 ? Bon on s’égare, revenons aux choses sérieuses avec cette question : Sommes-nous tous devenus accros à ces (fausses) bonnes affaires ?
«Les prix bas, les pauvres en ont besoin, les riches en raffolent» (propos attribués à Bernardo Trujillo)
Depuis quelques années, le pouvoir d’achat s’est imposé comme la préoccupation majeure des Français (Fondation Jean Jaurès, juin 2024). Et sans trop de surprise, les magasins discount se multiplient avec chaque année de nouveaux acteurs qui rentrent dans la course. En 2023, ce sont plus de 4000 magasins de hard discount et assimilés présents sur tout le territoire, répartis entre Action, Lidl, Aldi, et désormais Tedi, B&M, Atacadao etc.
Ces enseignes, occupant pour la plupart les abords des centres commerciaux de nos périphéries marchandes se font également une place en centre-ville, comme en témoignent les ouvertures récentes de Normal rue Nationale à Tours ou encore d’Action aux Rives de l’Orne à Caen (on y reviendra). Le développement de ces enseignes a été grandement facilité par un foncier peu cher, accessible en voiture et une attention limitée portée à leur insertion urbaine, mais leur présence sur des emplacements et des rues prime étonne de moins en moins. Si le public cible d’Action est majoritairement féminin et/ou peu diplômé, la consommation dans ces enseignes tend à se généraliser à toutes les classes sociales.
« Détricotage de l’appareil commercial traditionnel »
La production de l’urbain ne peut être dissociée de la réalité économique de ses usagers. L’intérêt croissant pour les enseignes discount conduirait alors à une forme de « discountisation » des paysages. Une chose est sûre, la multiplication de ces magasins est visible, en témoigne la croissance spectaculaire des Néerlandais d’Action en France avec ses 828 magasins ouverts depuis 2012 soit une moyenne de 69 magasins par an.
David Mangin parlait déjà il y a une dizaine d’années du « détricotage de l’appareil commercial traditionnel ». Cette dynamique n’a de cesse de se poursuivre avec l’accroissement des enseignes du hard discount qui captent de plus en plus de consommateurs. Nicolas Léger, directeur analytique chez NielsenIQ, affirmait en 2023 dans le Parisien qu’en trois ans « le nombre de passage dans une solderie – les Action, Noz, et autres Stockomani (…) a explosé, de l’ordre de 87% ». Ce détricotage serait-il à l’origine d’une paupérisation de nos appareils commerciaux ? Si l’on a bien une idée de réponse, nous avons le droit d’être surpris par ce nouveau maillage commercial, nourri par une consommation de masse à bas prix alors que les appels à la sobriété sont quotidiens.
Historiquement, le développement des formats discount est étroitement lié à l’émergence des hypermarchés. Ces derniers, en popularisant le principe du bas prix et de la vente en masse ont élargi leurs assortiments à la beauté, la papeterie, la décoration : n’en jetez plus la cour est pleine. Inspirés par ce principe, GiFi et la Foir’Fouille puis Action, Normal ou Hema se sont lancés sur le marché français. Bazars et destockeurs, sauveurs de surfaces commerciales mal en point ?
Ces enseignes ont compris notre attrait pour du choix à bas prix. Et en ont profité pour faire émerger des besoins pas souvent indispensables. Elles ont repris les codes des grandes surfaces et des discounters historiques allemands comme Aldi ou Lidl : produits à même les palettes ou dans des bacs, étalages uniformes et austères … jusqu’aux conditions de travail disons éprouvantes. Pour garantir des produits aux prix toujours plus bas (1 500 références à moins d’1 euro chez Action contre 1 000 pour Carrefour), ces chaînes ont plus d’un tour dans leur sac. Exemple ? Éliminer les intermédiaires afin de limiter les coûts et proposer les prix les plus bas du marché. Action (au hasard) peut compter sur ses 13 centrales d’achats européennes, qui rachètent en direct des stocks de magasins en faillite essentiellement en Europe de l’Est. Le tout reposant sur des stratégies d’aménagement visant à réduire le plus possible les coûts avec des bâtiments standardisés construits avec des matériaux de faible qualité.
On a testé pour vous : une virée dans les méandres de Normal aux Rives de l’Orne
Si vous êtes déjà venus à Caen par le train, vous n’avez pas pu passer à côté de ce récent développement commercial et urbain inauguré en 2013. Et pour cause, vous devez traverser l’esplanade des Rives (oui, leur esplanade, vous ne circulez pas sur de l’espace public) pour remonter vers le centre-ville. Présentée à ses débuts comme la future polarité commerciale de la ville, cette galerie au succès mitigé s’est tournée vers une offre accessible (voire discount) comme New Yorker, Hema, Normal, H&M etc. La plupart de ces enseignes sont d’ailleurs déjà présentes dans le centre-ville (15 minutes à pied) ou à quelques encâblures des Rives de l’Orne, au sein des périphéries marchandes de l’agglomération caennaise.
Et roulement de tambour, Action va y poser ses rayonnages de babioles d’ici la fin du mois d’octobre 24, soit sa troisième implantation dans un rayon de 5 km. L’arrivée de ce magasin aux Rives n’est pas anodine. Et, la tentation de parler de suroffre commerciale dans le secteur est grande ; à moins de 500 mètres à la ronde, les nouveaux commerçants de la Presqu’île expriment déjà leurs difficultés à atteindre leurs objectifs et les 1 400 m2 de locaux commerciaux supplémentaires de la Tour des Cascades (livraison 2028) interrogent.
Trop impatients pour attendre l’ouverture de ce nouvel Action, nous nous sommes tournés vers Normal et Hema pour verser nos offrandes à ces temples de la consommation. Fiers de nos convictions à notre arrivée, nous avons su nous faire discret lorsqu’il s’est agi de passer à la caisse à l’issue du savant labyrinthe qui fait la réputation de Normal. Résultat des courses, un nouveau pot à crayon, de la papeterie kawai (et des bonbons aux saveurs aussi improbables que leurs provenances).
On l’a fait, ne retentez pas cette expérience chez vous (sauf si vous aussi, vous devez écrire un papier sur les magasins discounts ?). Entre leur présence massive sur les réseaux sociaux, leur force de frappe sur les prix, et désormais leur ancrage au cœur des villes, ces enseignes nous enserrent de toutes parts. Résister à ce modèle relève chaque jour un peu plus de l’épreuve. Mais il est grand temps que les consommateurs – et les collectivités – prennent la mesure des véritables impacts du discount sur nos territoires. Pourquoi pas en proposant des discussions animées localement sur la prolifération de ces surfaces, leur poids réel sur l’économie locale, l’origine et la fin de vie des marchandises, les besoins auxquels répondent réellement ces enseignes, les alternatives issues de la transition … Mais arrêtons-nous ici, avant d’en dire plus sur une éventuelle future newsletter.
Nos recos de la semaine
📖 A lire – Le jour où les zones commerciales auront dévoré nos villes, Franck Gintrand 2018
📖 A lire aussi – L’heure des comptes pour les supermarchés, Réseau Action Climat, 2023
📺 A regarder – 2050 : Où vivrons-nous ?, Stupid Economics, 2024
Newsletter #1 : Ça y est, on est là !
Nous sommes ravis de vous présenter la première newsletter de Territoire Circulaire ! L’exercice est nouveau pour nous, mais après quelques semaines (mois) d’hésitations, de recherches et d’idées mises de côté, en voici la première édition !
Qui sommes-nous ?
Avant de commencer, quelques informations sur Territoire Circulaire : fondée en 2021 par Thomas Charrier, nous sommes une agence d’urbanisme indépendante à Caen. D’ailleurs, nous sommes très heureux de vous annoncer que nous avons récemment emménagé dans nos nouveaux locaux à la suite à l’agrandissement de l’équipe !
Depuis que nous nous sommes installés, nous avons notamment lancé notre expérimentation portant sur les lieux de commerces, la sobriété et la marchandise. En effet, ces dernières semaines (que dis-je ces derniers mois), nous travaillons grâce au soutien de l’ADEME à porter un regard différent sur l’urbanisme commercial, réinterrogé à l’aune des enjeux de sobriété. Nous parlons ici de sobriété immobilière, de sobriété foncière et plus largement de la sobriété « sobre », celle qui consiste à interroger ses besoins avant d’émettre des GES.
Est-ce que le secteur du commerce pourrait générer moins de carbone et autres émissions néfastes sans nuire à l’attractivité de nos territoires ? Osera-t-on aller jusqu’à interroger la sobriété désirable ? Nous ne répondrons pas à ces questions aujourd’hui mais voilà un aperçu du fil rouge de nos travaux en cours.
Not another newsletter ?
Cette newsletter est pensée comme notre espace de liberté. Nous voulons y parler de la ville, des territoires et de lieux, en les célébrant quand ils sont sobres, en les critiquant quand ils ne le sont pas. Face à l’avalanche de contenus et de réalisations sur le sujet de l’urbain sobre – il était temps n’est-ce pas – nous souhaitons aussi partager les bons outils pour être vigilants lorsqu’il s’agit de mettre une information de votre cerveau [cela ferait un super sujet pour une prochaine newsletter non ?].
Et au passage, pourquoi ne pas vous partager les curiosités marquantes que nous croisons chaque jour ? Parfois piquants, parfois hors du temps, nous souhaitons sortir des sentiers battus en convoquant des médiums avec lesquels vous serez sans doute peu familiers (à moins que vous ne connaissiez déjà les influenceurs « centre commerciaux » sur TikTok, mais là je ne peux plus rien pour vous).
Nous souhaitons aborder la ville sous tous ses angles, ce qui implique d’aller faire des détours du côté du cinéma, de la pop-culture et des anecdotes d’actualités. L’urbanisme sur Youtube ? C’est possible ! La ville du futur se dessine-t-elle sur Instagram ? En tout cas on en a vu les esquisses. Loin d’être simplement récréatif (même si l’on ne va pas rechigner à regarder des films pour le travail !), ce bulletin nous permet de saisir des visions et des questionnements urbains, contemporains ou non.
Nos recos de la semaine
📖 A lire – Ecolos, mais pas trop … de Jean-Baptiste Comby
📺 A regarder – Conférence gesticulée : L’écologie sans lutte des classes, c’est du gaspillage par Anthony Pouliquen et Jean-Baptiste Comby
🎤 A écouter – La France Discount sur France Inter